dimanche 29 mai 2016

Dimanche 20 avril 1997 : Menétrux-en-Joux - La Fromagerie.

Je pars en Trafic jusqu'à Ilay. Puis je rejoins en vélo Menétrux-en-Joux.

Gilbert reparti à Marseille, c'est tout seul que je vais continuer maintenant le GR 559. Le temps est couvert aujourd'hui.
Je me dirige à travers champs jusqu'à l'entrée d'une forêt que je traverse. J'arrive à l'aplomb de la vallée du Hérisson. J'entreprends de descendre sous les falaises le long des flancs de la paroi, dans la brume, par un chemin assez raide. J'arrive à l'aire de stationnement de l'Eventail : terrain de camping, restaurant, buvette, boutique de souvenirs (fermés à cette heure).
Le GR 559 rencontre là le GR de pays Tour de la Région des lacs, avec lequel il va emprunter le sentier des cascades du Hérisson : superbe promenade de 3 km (à ne pas faire un dimanche après-midi de juillet-août !). Ce matin, ça va : peu de monde sur le sentier.
Le Hérisson est un modeste ruisseau qui naît sur le second plateau en tant qu'émissaire du lac de Bonlieu et franchit rapidement les ressauts qui l'amènent au plateau de Champagnole.
Au bout de 400 mètres, j'arrive sous la cascade de l'Eventail, de 65 mètres de haut. Site impressionnant. C'est un émerveillement : l'eau ruisselle le long d'une corniche calcaire taillée en gigantesques marches d'escalier.


Le sentier grimpe rudement en lacets jusqu'au belvédère qui la domine, dans l'humidité de la chute. En haut de la cascade, je franchis le Hérisson sur une passerelle, je longe le ruisseau et j'aboutis au pied du Grand Saut : belle cascade d'un seul jet de 55 mètres.
Les marques blanches et rouges me conduisent alors vers la grotte de Lacuzon : refuge, dit-on, du héros célèbre de la résistance franc-comtoise, lors de la lutte contre les troupes françaises de Louis XIV qui se termina par la défaite de ce rusé résistant et par l'annexion de la province.
Coup d’œil poli à ce lieu historique. Après quoi le sentier mène derrière la cascade, entre la roche et la chute d'eau : spectaculaire mais facile, avec quelques embruns néanmoins. Ce n'est pas le Temple du Soleil, et je ne suis pas Tintin !


Je continue à remonter les gorges. Je rejoins le belvédère du Grand Saut, en sous-bois ; je passe successivement au saut du Gour bleu, du Château Garnier puis au saut de la Forge. L'eau tourbillonne dans des marmites de géants, se faufile dans des niches, se calme sur les dalles de la rivière. Le Gour bleu : endroit magique. Au pied du gour, dans la nappe d'eau claire à l'abri du courant de la chute, un cincle plongeur (cet étonnant oiseau qui aime les cours d'eau torrentueux de montagne) marche sous l'eau à la recherche de proies. Au saut de la Forge, une maisonnette, fermée, sert de buvette.
Le sentier se fait plus facile, le dénivelé presque inexistant. Je passe à côté des ruines du moulin Jeunet puis j'atteins le Saut Girard, première cascade (et dernière pour moi) de la haute vallée du Hérisson. Ici se termine la partie tumultueuse du ruisseau.


A partir de là, les GR vont effectuer une boucle de 10 km autour de quatre lacs pittoresques, enchâssés entre les prairies et les falaises abruptes. Le sentier grimpe sous les sapins et rejoint le hameau de Ilay. A partir de l'hôtel-restaurant, les deux GR empruntent la route. On s'engage le long du lac d'Ilay (lac de la Motte) : altitude 775 m. Au-dessus, culmine le pic de l'Aigle à 994 m.
Puis on longe les lacs du Grand et du Petit Maclu, sous les falaises de la côte de Maclu.
La flore de la Région des lacs est particulièrement diversifiée. Elle comporte des végétations de type méditerranéen dans les zones de falaises calcaires, ainsi que des aspects montagnards avec la présence de la hêtraie-sapinière et des tourbières à la végétation arctico-alpine.
Une conséquence des glaciations dans le Jura est l'existence de nombreuses tourbières : milieu relictuel et refuge pour les plantes inféodées aux contrées froides et humides. Les mousses (sphaignes) colonisent d'abord les bords et la surface de l'eau pour remplir au fur et à mesure l'ensemble du lac. L'assèchement permet aux pins et aux bouleaux de coloniser le tapis bombé de sphaignes. Les lacs du Grand et du Petit Maclu suivent cette évolution.


Les GR rejoignent une route et, sous la forêt, atteignent le lac de Narlay, un des plus profonds lacs du massif du Jura. Ils suivent la rive du lac vers l'ouest, rejoignent un terrain de camping où, sur la prairie humide, fleurit la caltha des marais. Les GR gagnent le hameau de Narlay et remontent vers Le Frasnois, pays riche en légendes. Le village est dispersé autour de ses lacs pittoresques.
Traversant alors des « communaux » dans une prairie humide, les GR rejoignent le hameau de La Fromagerie (gîte d'étape, artisanat du bois).

Je rejoins Ilay à pied par la route, récupère le Trafic et retourne chercher le vélo à Menétrux. Je rentre dormir à Beaufort.

1 commentaire:

  1. Lac du Hérisson où on descend le long des FLANCS de la paroi... Le HERISSON, modeste ruisseau qui NAIT en tant qu'EMISSAIRE du lac, FRANCHIT rapidement les ressauts... Dans un contexte où Louis XIV bien que défait, annexe... Comme si l'histoire qui s'y est déroulée entraînait, en profondeur la personnification des lieux...

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