Je marche seul sur le GR 559 à partir de 9h30, au
départ de la route forestière de Trémontagne.
A un croisement, le GR emprunte un large chemin qui
descend vers la combe et la traverse en largeur. J'entre alors dans le parc naturel régional du Haut Jura.
Je m’élève vers un petit col et je m'engage alors en
pente descendante dans le bois de la Joux Derrière. Par
une route empierrée, je sors du bois et débouche sur le plateau du Grandvaux
(dernière marche de l'escalier avant les hautes chaînes) : « C'est une
grosse main qui s'est glissée si fort entre les hautes forêts qu'elle s'en est
retournée vers le ciel », en dit l'acteur Jean-François Stevenin qui
habite à Grande-Rivière.
Le plateau du
Grandvaux a été déboisé par les moines de St-Claude. Ils ont dégagé les combes
où la terre est profonde, propice à la culture : les prés. Ils ont installé les
villages sur les espaces où affleurent les rochers : les chaux. Les toponymes
en gardent la trace.
Je chemine au milieu des pâtures où paissent les
montbéliardes. C'est le pays de la grande gentiane, l'une des plantes les plus
représentatives du Haut Jura. Elle
fleurit pour la première fois au bout de dix ans de végétation. Elle pousse en
même temps et au même endroit que le véraire blanc, toxique et très dangereux.
A cette époque, au stade de la rosette banale, la confusion est possible.
Après avoir franchi une ancienne moraine glaciaire,
le GR atteint Les Bez, un hameau de la commune de Grande-Rivière, au bord du
lac de l'Abbaye. Cette commune est répartie tout autour du lac en de multiples
hameaux. Bordé de tourbières, le lac s'étend dans la combe, dans une végétation
de pays nordiques, témoin des derniers glaciers.
Je traverse ce hameau, aux maisons grandvallières traditionnelles. Certaines sont couvertes de tavaillons (revê-tement d'écailles de bois à chevauchement), encore bien visibles sur les façades du côté sud où ils préservent le mur de la pluie. Malheureusement, de plus en plus, ils sont remplacés par de la tôle.
Je traverse ce hameau, aux maisons grandvallières traditionnelles. Certaines sont couvertes de tavaillons (revê-tement d'écailles de bois à chevauchement), encore bien visibles sur les façades du côté sud où ils préservent le mur de la pluie. Malheureusement, de plus en plus, ils sont remplacés par de la tôle.
Le GR contourne maintenant le lac par le sud, passe à
La Motte , longe
le lac de l'Abbaye sur son flanc est. Il traverse les mornes bâtiments gris
d'une scierie, exutoire des eaux du lac : elles tombent en chute dans une
grotte pour ressortir en torrent à 30 km de là, à la résurgence de l'Enragé, à
Molinges. Le GR atteint L'Abbaye-en-Grandvaux
(880 m ).
C'est le centre historique du Grandvaux.
A l'origine,
ce lieu était une île. En 523,
l 'abbaye était ceinturée d'un mur et on y accédait par
un pont-levis. L'église de l'abbaye fut édifiée en 1450 sous l'égide de l'abbé
de St-Claude. Le fossé comblé amena le site à son aspect actuel. Du monastère, il ne reste
que l'église et le presbytère. Mais le village conserve un cachet tout à fait
remarquable. Avec Mouthe, dans le Haut
Doubs (cf. GR 5), c'est un des coins de France où il fait le plus froid. Le
thermomètre y descend régulièrement à -30°. Malgré ces températures (ou à cause
d'elles), le climat y est très sain*.
En face de l'abbaye, le sentier s'élève à travers
prés à l'assaut des hautes chaînes du Jura. Il entre dans le bois et rejoint
bientôt, côtoyant une route revêtue, le hameau des Cernois (1060 m ). J'y retrouve
Viviane. Il est à peu près midi. Nous mangeons dans le Trafic sur une prairie.
Temps variable qui se découvre.
Je poursuis ensuite sur la route puis j'emprunte le
chemin Mandrillon. Je passe à côté d'un abri forestier, continue sur le chemin
empierré dans la forêt de la Joux Devant. Je
chemine sous le couvert jusqu'à une combe déboisée où se trouvent les ruines du
chalet Maty. Je remonte la combe jusqu'au sommet. A partir de là, je commence à
descendre vers la profonde vallée de la Bienne qui entaille le socle calcaire du Jura.
Je croise une route forestière et emprunte un
sentier en pente très raide à flanc de montagne. Je débouche sur Tancua, village bâti tout en longueur
sur le flanc ouest de la
vallée. Ensuite le sentier passe dans les pâtures, en des
lacets très raides, au milieu des troupeaux. Je « tombe »
littéralement au-dessus de deux maisons, puis j'emprunte un sentier qui descend
dans un petit bois jusqu'à la
gare. Enfin.. . quand on dit gare, il s'agit, à côté d'une
plate-forme déserte et d'un passage à niveau, d'un arrêt de la petite ligne de
chemin de fer qui relie Saint-Claude, Morez et Mouchard, dans un cadre sauvage.
Viviane m'attend à cet endroit, en fin d'après-midi.
* Je ne sais pas encore que, dans un peu plus d'un an, je vais venir habiter dans le Grandvaux, à 6 km d'ici, à St-Laurent !
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